Ce n’est pas la petite surprise d’entre-fête, mais juste une petite critique parmi tant d’autres sur un film qui, entre éloges multiples et grandes espérances, me laisse un gout amer.
Je suis ce soir allé voir King Kong, celui de Jackson, que tout le monde gratifie du mot merveilleux, sans nul doute le même que celui de Ann dans le film. Certes, ce film est bel et bien une prouesse technique, qui nous en colle plein les mirettes pendant 3h, justifiant au passage le prix du billet. Chouette.
Mais qu’est-ce d’autre que ça ?
Rafraichissons-nous d’abord la mémoire. King Kong, l’original de 1933, c’est avant tout l’histoire de Carl Denham, un réalisateur con, cupide et arriviste, bref tout pour plaire, qui embarque tout un équipage et tout une équipe de tournage sur un bateau pour aller tourner un nanar sur une ile vierge. Avant de partir, il fait un casting sauvage dans les rues de New York, en pleine crise économique, et tombe sur une actrice blonde au chômage qui vole des pommes pour survivre. Le capitaine du bateau, un certain Jack Driscoll, voit d’un mauvais oeil ce voyage, surtout avec une femme à bord. Mais comme il faut bien une romance, il finira par en tomber amoureux, et quand sa chère Ann sera offerte à l’imposant Kong comme “fiancée” par les chaleureux otoctones de ce territoire vierge, il volera à son secours, pendant que sa chérie blonde fera copain – copine avec la bête à poils (Encore une blonde qui se fourre dans la merde, on connait désormais la mère de Kim Bauer).
Je vous passe le retour à New York, l’Empire State Bulding… Tout le monde connait.
Il y a chez Peter Jackson une volonté sincère et affirmée de rendre hommage à cette référence qu’est le King Kong de Cooper : Enormément de scènes en sont directement tirées, comme celle où Ann vole une pomme ou bien lorsque Kong tue le dernier T-Rex. On trouve aussi une référence au proverbe donné en carton dans la première version, et, clin d’oeil subtile, la scène que tourne Denham sur le pont, avec Ann et Baxter, est une mise en abyme d’une des scènes du film de 33 où Ann discute avec Driscoll (dans la version de Jackson, Driscoll n’est plus le capitaine, mais le scénariste du film. La finalité reste cependant la même.). Jackson est clairement un fan du film, et le fait qu’il traine ce projet de remake depuis le début de sa carrière en est une preuve de plus.
Mais en considérant que Jackson reprenne la matière du premier film, son intrigue, ses thèmes, voire certaines de ses scènes, on se demande comment, à partir d’un film qui dure environ 1h20, on se retrouve au final avec un remake de 3h.
La réponse est simple. Comme il l’a montré avec Le Seigneur des Anneaux, Peter Jackson est un réalisateur qui voit grand. Trop grand, surement. Conscient des outils qu’il a à sa disposition, Jackson en rajoute une couche, puis une autre, offrant certes du spectacle, mais transformant petit à petit une histoire simple et touchante en une succession de scènes d’une incroyable ventardise, qui, si elles en mettent plein les mirettes, sont totalement inutiles. Et hop, une scène avec pleins d’insectes, ça sert à rien à par montrer un peu plus de sang, mais bon. Un T-Rex ? Noooon, on en met 3 ou 4 avec une baston énorme de 20 minutes, on a les moyens. Sur la fin, on voit Kong qui s’amuse sur la glace avec Ann (Noami Watts, qui a de belles quenottes et les montre, surtout les deux de devant) en plein milieu d’une ville censée être paniquée à mort, mais non, rien. La seule façon d’humaniser une créature sauvage dans un univers hostile semble être de l’emmener à la patinoire… Pourtant, en 33 on avait pas d’ordinateur, mais la fin était aussi touchante, voire plus. Allez savoir.
Le reproche n’est pas que Jackson utilise les effets spéciaux dans son film, à notre époque c’est normal. Le problème, c’est qu’il en abuse, rallonge le film à coup de prouesse, alors que le message de l’histoire ne se trouve, à la base, absolument pas dans le déballage de curiosités qu’on peut trouver dans Skull Island, mais dans les relations entre les personnages. Et si elles sont présentes, les scènes qui en traitent sont très souvent prises à la légère ou zappées par des scènes d’action. Ce que le film gagne en prouesse et en action, il le perd en crédibilité humaine. Dommage, parce que les acteurs y croient, Watts donne tout ce qu’elle a et Jack Black, qui incarne Denham, est nickel. Mais malheureusement, comme dans beaucoup de films aujourd’hui, les acteurs sont bien peu de choses face au virtuel.
En définitive, pour moi ce film ne prouve qu’une chose : Les effets spéciaux ne font pas un bon film, pire même, ils peuvent dénaturer une histoire.