Comme je l’ai déjà dis il y a quelques temps ici même, pour moi 2004 va être une année riche en films à voir (et à revoir ? hum�). Je ne me souviens plus quel était le premier film que j’avais vu en 2003, En tout cas, mon premier film de 2004 aura été Gothika , et il me suffira de consulter mon Blog pour m’en souvenir
Tout ça pour dire qu’on nous a pondu là un film qui ne manquera pas, je le pense, de diviser ses spectateurs.
Gothika pourrait se placer immanquablement comme n’importe quel autre film à suspense plus que d’horreur, thriller psychologique plus que film gore comme annoncé pourtant. Du sang, y en a pas tant que ça, pas plus que dans un Scream, ce qui, à titre de comparaison, n’est pas vraiment flatteur. Enfin, ça dépend des goûts et du degré avec lequel on prend la chose. Bref, ce film, comme je le disais, aurait pu passer s’il était sorti d’un quelconque studio US spécialiste du genre, réalisé par un type qui n’a guère d’autres buts que de remplir les salles pour rembourser son budget, et si possible engranger quelques bénéfices, et ce avec l’histoire la plus ressassée de ses dix dernières années, à savoir le fantôme vengeur qui persécute un(e) innocent(e) pour mieux lui ouvrir les yeux. (Bien loin de moi l’idée de spoiler le scénario aux amateurs, croyez-moi) Le bémol dans l’histoire, c’est que le réalisateur n’est autre que notre Kassovitch national, le même qui avait mis en boite quelques années auparavant des films à débats comme La Haine ou Assassin(s) .
Kasso, dans Gothika, on le cherche. On le cherche et on a du mal à le trouver. Là où n’importe quel autre réalisateur du genre serait parvenu à faire un film correct, Kassovitch ne nous montre quasiment rien de ce qui le caractérisait dans ses réalisations précédentes. Et, même si le film n’est pas un nanar, on a l’impression de passer devant beaucoup de chose.
Les acteurs sont pourtant convaincants, et c’est avec plaisir qu’on retrouve Halle Berry (prononcez alé béri ) qui, après deux sèances de X-menage (ihih), et un James-bondage (ohoh) se retrouve otage, (�) au sens propre du mot, de l’asile pénitencier dans lequel elle travaille, ou plutôt travaillait. Accusée du meurtre de son mari alors qu’elle n’en a pas le souvenir, elle va se retrouver prise au piège de l’autre coté du miroir, et va vite comprendre, dixit Penelope Cruz (prononcez pénélopé crouze ) que personne ne vous croit quand on vous croit folle. Et si on ajoute a cela des phénomènes paranormaux, des couloirs glauques et des ampoules foireuses Imaginez la suite !
Devant une telle intrigue, on pouvait espèrer un truc sympa, voire flippant, voire même carrément flippant. Le problème, c’est, on s’en rend bien vite compte, qu’on se trouve plus devant un film d’horreur de série B plutôt que devant un vrai thriller psychologique. Car, si le scénario en lui-même arrive à maintenir un minimum de suspense et nous accorder quelques coups de théâtre intéressants malgré une flopée d’incohérences, la mise en scène reste, quant à elle, hyper basique, et, de fait, hyper prévisible : Gros plans à foisons sur une Halle Berry déchirée entre rationalité et paranormal, travellings d’accompagnement et musiques flippantes pour mettre bien en évidence qu’a défaut d’être folle, Miranda est bien loin d’étre “alone” dans sa petite cellule. Les ficelles sont énormes, mais sont, malgré tout, efficace, et on se laisse prendre une ou deux fois au piège, il faut bien l’avouer.
Il y aurait encore beaucoup de chose à dire sur ce film qui, sans être le premier navet produit par Joel Silver de l’année 2004 (qui aura du mal à battre Matrix Revolution, je pense), ne restera sans doute pas bien longtemps dans les esprits des spectateurs. Mais, bien sur, comme tous les goûts sont dans la nature, ce film trouvera certainement un public, fan des films du genre, et peu dérangé par le fait de voir défiler devant lui un ersatz au teint pâle d’un certain Sixième Sens.
Reste à conclure, en évoquant tout de même l’essai transformé de Matthieu Kassovitch à Hollywood, puisque le film, dont le budget était de 40 millions de dollars, en a rapporté 50 le en 4 semaines, aux USA. Et vu la fin de Gothika, c’est sans doute loin d’étre fini.